Bonjour à toutes et à tous !

Si vous suivez un peu ce que je fais sur les réseaux sociaux, vous avez sans doute remarqué que je suis un grand adepte des logiciels libres pour mes créations, et tout particulièrement de Krita. Krita est un logiciel de digital painting (ou peinture numérique dans la langue de Molière) qui n’a pas à rougir face à d’autres grands comme Photoshop ou Manga Studio. À l’occasion de la sortie de Krita 4, j’ai décidé de réaliser un petit guide pour vous permettre de fluidifier votre workflow avec le logiciel et, je l’espère, vous faire découvrir quelques fonctionnalités très utiles.

Créer son propre modèle de document

De base, Krita vient avec un petit panel de modèles document permettant de rapidement créer quelque chose qui correspond à ses besoins. Mais si vous êtes comme moi, vous aimerez sûrement aller plus loin et avoir un document avec telle couleur de background, tels calques, tel profil de couleurs, etc.

Pour cela rien de plus simple. Commencez par créer un nouveau document personnalisé aux dimensions et profil qui vous intéressent. J’ai choisi de réaliser une image carrée de 3500px de côté.

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Créer un nouveau document

Créez ensuite les calques qui vous conviennent comme base. Vous pouvez aussi créer des groupes de calques. Ici, j’ai fait un calque background gris que j’ai verrouillé, ainsi qu’un calque destiné à recevoir mon brouillon et deux groupes de calques pour l’encrage et la colorisation.

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Mes calques de base

Après ça, il ne vous reste plus qu’à aller dans le menu File → Create Template From Image… puis classer et renommer votre modèle de document. L’image de preview est générée via votre document, mais vous pouvez aussi la changer si elle ne vous sied pas.

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Création d’un modèle (template) à partir du fichier courant

Vous pouvez aussi en profiter pour ajouter un groupe de modèle en appuyant sur Add Group…

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Ajouter un groupe de modèles

Enfin, il ne vous reste plus qu’à faire un nouveau document et sélectionner dans les presets votre tout nouveau modèle !

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Création d’un document vierge à partir de notre nouveau modèle !

Faire un beau lineart bien fluide et régulier

Une des choses particulièrement importante en illustration est la qualité du trait. En effet, les erreurs d’encrages et les traits moches se remarquent particulièrement bien sur les illustrations comprenant peu de traits, comme la ligne claire de la BD franco-belge ou les dessins simplifiés des comic-strips. Afin d’avoir de jolis traits qui ne tremblent pas, Krita propose un outil de stabilisation de trait.

Tout d’abord, vérifiez bien que vous avez le panneau Tool Options d’affiché. Si ce n’est pas le cas, allez dans Settings → Dockers → Tool Options. Sélectionnez ensuite la brush qui vous servira à encrer. Moi, j’utilise la brush pinceau sensible à la pression par défaut.

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Panneau Tools Options et brush de base sélectionnés

Allez ensuite dans le panneau Tool Options et sélectionnez le Stabilizer dans le menu déroulant Brush Smoothing. Les différentes options permettent de définir la distance prise en compte par le stabilisateur pour moyenner votre trait, ainsi que la distance de délais avant de se déclencher.

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Exemple de réglages

Réglez le stabilisateur à votre guise pour obtenir de beaux traits bien lisses et réguliers !

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Smooth, smooth lines !

Modifier son image sans passer par la case gomme.

Il arrive assez régulièrement qu’un trait ne soit pas très satisfaisant. Malgré ça, l’effacer pour le refaire peut être embêtant, surtout si ce n’est qu’une partie du trait qui est à modifier. Heureusement, l’outil Transform a layer or a selection est là pour nous aider à apporter des modifications mineures à notre image.

Note : ici je présente des déformations sur le trait seulement, mais cela peut s’appliquer à une image finie, des dégradés, des aplats de couleurs…

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L’outil en question (à gauche) et le panneau Tool Options

Souvent utilisé pour déplacer ou mettre à l’échelle un dessin, l’outil Transform a layer or a selection cache d’autres fonctionnalités de déformations. Pour cela, il faut encore une fois se rendre dans le panneau Tool Options et sélectionner l’outil qui nous intéresse. Ici, j’ai choisi l’outil Liquify (la petite goutte d’eau) afin de modifier légèrement le haut de la tête de mon personnage, par exemple.

Un autre outil très pratique est l’outil Wrap (la grille déformée), qui permet de faire apparaître une cage de déformation autour de notre calque/sélection. Ceci permet des déformation plus précise que l’outil Liquify.

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Avant/après déformation. Notez l’apparition d’ancres pour déformer l’image de droite

Créer un masque d’écrêtage rapidement

Un masque d’écrêtage (ou transparency mask) est un masque binaire permettant de délimiter aisément les zones à couvrir sur un calque ou un groupe de calques. Concrètement, ça marche comme si vous posiez un pochoir sur votre illustration : la couleur passe par les trous mais ne déborde pas ! Il va sans dire que ce genre de masque est très pratique, et Krita permet d’en créer un facilement depuis un calque de peinture. J’utilise régulièrement les masques d’écrêtage pour définir facilement mes zones à ombrer, donc je vais vous les présenter de cette manière.

Tout d’abord, copiez votre calque de base en le sélectionnant et en appuyant sur le bouton Duplicate layer or mask du panneau Layers.

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En rouge, l’outil en question. En bleu, le calque à dupliquer et en vert, la copie.

Ensuite, verrouillez l’alpha du calque copié (troisième bouton présent sur la ligne de sélection du calque) et remplissez entièrement la partie verrouillée de blanc. Vous pouvez utiliser l’outil pot de peinture (en appuyant directement sur F) pour tout remplir.

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En rouge, l’Alpha Lock ou verrouillage de l’alpha

Maintenant, créez un nouveau calque (le bouton + du panneau Layers ou la touche Inser) qui vous servira à faire les ombres et lumières.

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En rouge, l’outil de création de calques. Le nouveau calque a été renommé et sélectionné

Nous allons maintenant transformer votre copie blanche en masque d’écrêtage et l’appliquer à votre calque d’ombres et de lumières. Pour cela, faites un clic droit sur votre copie et sélectionnez Convert → to Transparency Mask. Surprise ! Le blanc disparaît et le calque se renomme en Transparency Mask 1. Par défaut, le masque s’applique au groupe parent. Il vous suffit maintenant de le faire glisser sur votre calque d’ombres et de lumières et le tour est joué !

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Le masque d’écrêtage (sélectionné) a été glissé-déposé sur le calque d’ombres et lumières

Vous n’avez plus qu’à rajouter vos ombres et vos lumières avec les brushes de votre choix, le tout sans vous soucier de dépasser.

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Ombres et lumières en niveaux de gris

Coloriser aisément un calque en niveau de gris

Travailler en niveaux de gris est un choix souvent fait afin de visualiser facilement les contrastes de notre image. Nous allons maintenant voir comment rajouter de la couleurs sur nos niveaux de gris très rapidement.

Commencez par faire un nouveau calque au dessus de celui consacré aux ombres et lumières. Dupliquez ensuite le masque d’écrêtage créé précédemment, et faites-le glisser sur ce nouveau calque.

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En rouge, notre nouveau calque et son masque

Il ne vous reste plus qu’à passer votre nouveau calque en mode Overlay en sélectionnant ce mode dans le menu déroulant du panneau Layers, et le remplir avec la couleur de votre choix.

Note : Plus le contraste de votre couleur est proche de votre niveau de gris de base, mieux est le résultat.

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En rouge, le menu des modes de calque (blending modes) positionné sur Overlay

Le tuto devait s’arrêter ici à la base, mais, grâce à la participation de PhiLho sur Twitter, je vous partage quelques astuces supplémentaires que j’ai plus ou moins remanié pour les incorporer à mon workflow.

Bonus 1 : Séparer le brouillon de l’encrage

On commence par une petite manipulation rapide qui vous permettra de corriger une grosse erreur qui arrive très (trop?) régulièrement. Qui n’a jamais encré directement sur son brouillon par mégarde ? Vous vous trouvez dans une solution bien délicate et vous n’avez pas envie de repasser encore une fois sur vos traits dans un calque propre.

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Merde ! 🙁

La solution est toute simple : Nous allons d’abord sélectionner notre lineart grâce à l’outil Similar Color Selection Tool, présent dans la barre d’outils. Cliquez tout simplement sur l’outil puis sur le lineart. Tout le lineart devrait être magiquement sélectionné.

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En rouge, l’outil en question. Remarquez que seuls les traits noirs sont sélectionnés

À présent, copiez et collez votre sélection (CTRL-C puis CTRL-V). Elle apparaîtra alors sur un calque isolé.

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Le calque contenant le lineart seulement est sélectionné

Enfin, repassez sur votre calque de brouillon et remplissez la sélection avec votre couleur de brouillon. Et voilà, vous avez retrouvé votre brouillon et sauvé votre début d’encrage !

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Le brouillon a retrouvé sa couleur rouge une fois le lineart caché

Bonus 2 : Faire un flat rapidement

Si vous faites un peu de BD, vous savez sûrement ce qu’est un flat. Pour les autres, un flat est une image en fausses couleurs qui permet de délimiter aisément les différentes parties colorées d’une case ou d’une illustration. C’est très utile pour coloriser facilement par la suite. Faire un flat à coup de sélection au lasso est quelque chose de fastidieux, et utiliser la baguette magique n’est pas toujours suffisant. Krita propose alors un outil très pratique, le Colorize Mask Editing Tool.

Sélectionnez tout d’abord cet outil et positionnez-vous sur votre groupe de calque consacré à l’encrage. Appuyez sur l’image et elle devrait se recouvrir d’un voile blanc. Vous remarquerez aussi qu’un nouveau masque a été crée sur le groupe.

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En rouge, notre outil. En bleu, le masque crée par l’outil sur notre groupe de calques d’encrage. Remarquez le voile blanc qui est apparu sur l’image

Ensuite, choisissez une brush dure opaque et coloriez très grossièrement les différentes parties de votre image. Pas besoin de prendre des couleurs définitives, ici le but est d’avoir une couleur bien distincte (j’insiste là-dessus, c’est important pour plus tard) pour chaque zone de votre illustration.

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Gardez bien le même outil et restez sur le masque ! Puis gribouillez joyeusement

Vous n’avez plus qu’à cliquer sur Update dans le panneau Tool Options. Vous pouvez modifier les différentes options pour arriver à un résultat plus satisfaisant.

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Vous devriez voir apparaître un résultat similaire.

Quand le résultat vous plaît, vous pouvez convertir le masque en calque de peinture en faisant un clic droit dessus et en sélectionnant Convert → to Paint Layer puis le déplacer dans votre groupe de calques consacrés à la couleur. Le tour est joué, vous avez vos flat colors ! Le résultat peut ne pas être tout à fait parfait, et il faudra alors sûrement repasser dessus manuellement mais vous venez de gagner un temps considérable.

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Notre calque avec les flat colors (sélectionné). Notez les petites imperfections à corriger, entourées en bleu.

Dernière étape, séparer chaque fausse couleur sur un calque isolé. Pour cela, il suffit d’aller dans le menu Layer → Split → Split Layer… et de régler la Fuzzinness en fonction de vos couleurs. Vous vous souvenez de mon insistance sur le fait d’avoir des couleurs bien différentes ? C’est ici que ça rentre en jeu. Plus les couleurs sont éloignées les unes des autres, et plus il sera facile pour l’algorithme de les séparer sur des calques distincts. Toutefois, si vous vous retrouvez avec un calques contenant plusieurs zones de couleurs, pas de panique : il suffit de réitérer l’opération jusqu’à arriver au nombre de séparations souhaitées.

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Une Fuzzinnes à 0 fait que l’algorithme est très sensible aux changements de couleurs et risque de créer beaucoup de calques. Vous pouvez opter pour un seuil plus élevé.

Ça y est, vous avez toutes vos zones de couleurs différentes chacune sur un calque isolé et à l’alpha verrouillé ! Il ne vous reste plus qu’à mettre les couleurs définitives ou à envoyer le fichier à votre coloriste 😉

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En rouge, le groupe de calques finaux. Les noms ont été générés automatiquement

Merci d’avoir suivi ce (long) article sur Krita jusqu’au bout ! Ça faisait un moment que j’avais envie d’en écrire un afin de présenter les possibilités que propose le logiciel pour la peinture numérique. Je remercie aussi PhiLho pour ses astuces qui m’ont permis de découvrir de nouvelles fonctionnalités !

Je pense sûrement refaire quelques articles-astuces sur le logiciel à l’avenir, et en attendant n’hésitez pas à faire un tour sur les réseaux sociaux pour voir ce que je fais avec Krita 🙂

À la prochaine !

Édit 23/10/2018 : Vous pouvez à présent télécharger le fichier source (*.kra) du tuto ici !

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